Rumeurs et bruits avant-coureurs des frontières de l'Est

Middle Eastern and East Asian Glimpses – Sylvan GHARBI

Beijing – Coup de Choc

Credit: National Geographic

Credit: National Geographic

BEIJING – En rétrospective, le déplacement vers la Chine prend à peu près 10 heures depuis l’Europe atlantique, 12 à 13 heures en partant de la cote ouest du continent nord-américain et environ 11 heures depuis les grandes villes de la cote ouest. La cartographie du monde induit en erreur. Contrairement à ce qu’il est donné de penser, les avions faisant l’aller et retour vers l’Asie, débarquant et embarquant passagers après passagers, ne traversent pas le Pacifique de part en part. En suivant la ligne continentale, les longs courriers décrivent une trajectoire en arc de cercle, passent proche du détroit de Béring et terminent leur voyage quelque part sur la côte asiatique. D’aéroport à aéroport, ces dizaines de navettes quotidiennes parcourent depuis Vancouver environ 13000 km pour se rendre àBeijing.

On est dans l’avion, perdu dans les nuages à 40000 pieds. Personne n’y prête attention En amorce d’atterrissage, toujours très haut et à pleine vitesse, on cherche du regard le sol, la terre floue entièrement estompée par une brume rose. Un cirque de montagnes apparaît dont on devine les contours…, à peine distinct. On se rapproche des pistes… et toujours le même flou, la même brume que l’on mettra sur le compte de la chaleur qui écrase la région lors de cette fin d’été. Il n’est pourtant que 16h.

Le passage aux douanes est très bref, l’aéroport est propre, grand. L’arrivée se passe selon un protocole identique à toute personne débarquant hors du monde occidental; les mêmes arnaques au taxi pendent au nez des voyageurs trop naïfs ou dont la vigilance, ankylosée par de longues heures de vol, est complètement à plat. Ensuite arrive la permanence des heures de pointe redoutables sur les grands axes, embouteillages…Beijing centre-ville.

Il s’agit d’un monde oublié, envisagé pour sons attrait économique ignoré qui prépare depuis longtemps son retour parmi nous. Les tenues vestimentaires de ses habitants sont ordinaires. Le port du jeans est courant

Similitudes et différences sont déroutantes; forte impression d’avoir heurté un miroir et de se retrouver de l’autre coté de la paroi. Tout est similaire mais tout est différent. On ne se rend compte que de peu voire de rien. La nature même de cette ressemblance ne permet que de difficilement retracer la source d’une explication. Perception? À l’arrivée, après les premières heures, les premiers jours stéréotypes et montages s’effritent. Certaines évidences matérielles contredisent et déboulonnent les verdicts à l’emporte pièce. Décalage. Le plateau déborde, c’est l’indigestion et on ne comprend plus… Premier contact, premier obstacle, l’accent, la langue, les langues, les dialectes parlés sur tout le territoire chinois,… officiellement, le mandarin et le cantonnais…, suivis du mongol, du tadjik, du tibétain, du khmer et du taiwanais…, et périphérique à cette galaxie, l’anglais et le portugais et d’autres encore… une palette large. Deuxième source d’étonnement, deuxième découverte, les habitudes, l’alimentation, les goûts culinaires. Troisième décontenance, troisième décompression : l’incompréhension, les coutumes. Puis s’ajoute le climat, la pollution, l’organisation… Ensuite l’immensité géographique du pays, les peuples, le maillage racial de la Chine, représentation d’énormes fossés culturels, dimmenses différences humaines vis à vis de l’Occident. Tellement d’éléments disparates, une longue histoire dans tous les sens, des influences de partout dans le monde, petites, plus importantes… sur le long terme ou à brève échéance ; un mélange et un échange humains permanents, un brassage continuel, un compresseur de savoirs millénaires, obscures qui semant doute et confusion ne pressent que vers la facilité des fausses pistes ; une infinité de saveurs et des combinaisons de couleurs, simples, sophistiquées ou alambiquées… toutes tenues dans un corset cintré au fil de plomb, bref un déboussolage…

Étrange peuple que le peuple chinois… écartelé entre habitudes qui le façonnèrent et nouveaux plis imposés; frappées de plein fouet par le progrès, il peine à protéger ses coutumes, à survivre, à résister à cette vive accélération, aux urgences désagrégeantes de l’État qui sectionnent les amarres les unes après les autres. Attaches et cadenas sautent. Déblaiement pour un trajet rectiligne et une vitesse maximale vers le développement sans l’ancienne vie, sans celle d’avant. Ce peuple est bousculé, malmené par le changement rapide, brusque et en profondeur. La mémoire s’atrophie, le souvenir se voile. Le folklore menace la culture.

Beijing est une ville énorme… dont certains projets architecturaux renversants peuvent largement rivalisés avec ce que l’on trouve sur le marché immobilier new-yorkais ou londonien. La ville n’a de cesse de vouloir conquérir les hauteurs, s’élever et révéler le talent de ces constructeurs mais surtout de crier au monde son exubérance. La capitale chinoise, l’œil rivé sur l’horloge olympique, se dote à une vitesse inouïe d’équipement urbain de pointe et prend la forme d’une mégapole asiatique ; une mégapole que la Chine certainement imagina, qu’aujourd’hui elle concrétise. Une fois la nuit tombée, elle surprend. Les jeux de néon rendent hommage à ses tours miroitantes aux mille contours et laisse une brume électrique envelopper un skyline ruisselant de lumière et d’éclat…, qui ne dure pas. Son extravagance prend ensuite une tournure inattendue et soudaine passée 22h/23h. Tout s’éteint. Rationalité? Seules, restent les lampadaires illuminant le quadrillage des rues. Pour le moment, pragmatisme, attentisme et efficacité prévalent. De toute façon, aujourd’hui, il n’y a encore aucun spectateur à épater. Ressort de cette pratique nocturne, une ambiance insolite, une ambiance curieuse de crêtes noires de béton aux abords des cinq ring roads, des cerceaux de feu qui se déploient en cercles concentriques sur 1500 km depuis le cœur de la ville embrasés par le passage incessant des voitures. Ces ring roads sont des périphériques dont le centre est calculé à partir de la Place Tienanmen et de la Cité Interdite. L’expansion tentaculaire de la ville, de ses administrations, ses industries et de sa population en est déterminée par la mathématique de ses architectes. Un sixième périphérique est en construction pour tenter de décongestionner cette ville mastodonte de son trafic routier insoutenable. Peine perdue… le développement monstre du pays rattrape déjà les planificateurs urbains.

L’Asie détient cette sombre réputation de dépotoir à ciel ouvert. (certaines) Villes chinoises infirment ce jugement et se jouent de(certaines de ces fausses) idées. Beijing, ville immense moderne et aseptisée, est juxtaposition de l’ultra rationalité des impératifs de la haute finance sur les ronrons des cellulaires high tech de China Mobile avec la subtilité et le raffinement de ce pays inaccessible, invisible, pourtant en permanence indélogeables, réels ; un voile diaphane et léger, seul, sert de frontière, sorte de démarcation incertaine et mouvante avec le sacré. Inopportune, imprévue, soudainement une dimension, l’Impénétrable, peut jaillir, faire irruption… et l’on y glissera à la dérobée sans s’en rendre compte, projeté sur des chemins de poussière intemporelle, vers des déesses mystérieuses aux mille tours et aux mille mains, vers des esprits malins aux mille odeurs et aux mille fleurs.  On y vivra quelque chose d’unique, d’ineffable, d’exquis… privilège possible, privilège rare dans un environnement d’une propreté insoupçonnée inouïe étonnante dont personne n’aurait pu croire cette ville capable.

Son réseau routier a été dessiné selon un quadrillage géométrique similaire à ceux que l’on trouve en Amérique du Nord. À première vue, rien n’interpelle. Rien ne marque vraiment un arrêt sur image, rien ne choque. Le sentiment étrange d’un déjà-vu au delà de l’océan Pacifique…  certaines rues des différents quartiers se confondent avec celles d’autres grandes villes, a priori…, artères ordonnées, rectilignes, ornées de part et d’autre de tours d’acier blanc, tours de verre fumé, multicolores, hautes, symétriques, scintillantes aux sommets déjà conquis par des firmes locales ou internationales…. Sinopec, the Royal Bank, Axa, Llyods, HSBC. Les grandes marques connues sont toutes visibles.

La Chine telle que l’Occident l’imagine a laissé ses anciennes images communistes d’après guerre pourrir dans les fins fonds de l’histoire. Les gens s’habillent baggy, vont clubber au Bank, au White Rabbit, au Vic’s à la rencontre de Djs de passage… La ville spinne sur la transe. Le nouveau communiste porte un complet Ralph Lauren dont il se targuera d’avoir fait l’achat sur le marché de la contrefaçon. Tout le monde est preneur. Car bien sûr, on contrefait tout ici, tout et n’importe quoi. Les magasins de location de films n’existent évidemment pas. On achète une copie de film récemment sorti sur écran à des gars aux coins des rues. La transaction : 0.75 $…   Un article d’un quotidien international récemment révélait que le marché de l’eau en bouteilles était inondé de contrefaçons

Sur le fil du rasoir, des incohérences flottent…

De l’émergence de la classe moyenne chinoise enrichit par l’ébullition financière asiatique et la relocalisation de la sphère d’activité économique sur la zone pacifique, dépend les bénéfices juteux que veulent engranger les grandes marques étrangères. Curieusement, le marché n’est pas prêt là alors que les prédictions sont décevantes et ne cessent de rendre compte d’impairs comptables et d’une médiocrité évidente des recettes. On tolère car les potentialités de ce marché à tourner la tête semblent infinies, le nombre de consommateurs prêt à y rentrer étant incalculable. Alors on prend son mal en patience, désespérément. L’attente de ces centaines de millions de porte-monnaie est longue. Fait significatif : les centres commerciaux demeurent déserts et leurs boutiques obstinément vides. Vitrines froides, existence incongrue, prix affichés vertigineux, inaccessibles à l’individu moyen, au salarié chinois… Seul Louis Vuitton semble y trouver son compte avec quelques autres élus. La disparité des revenus est insondable. Une frange bien mince a profité de l’adhésion du pays au capitalisme et de la redistribution désordonnée des richesses. Des flux de capitaux déferlent sur les mêmes secteurs du pays et circulent sur les mêmes réseaux … gros problème.

Transformation et modernisation larvées

Les arts enchantés de la scène sont impeccablement maîtrisés, les ressources insondables et l’outillage sophistiqué. L’omniprésenceet l’omniscience parfois éventrent la fraîcheur de l’air d’une pluie de suie noire, d’une dentelle de crasse dégoulinante transporté par le vent depuis les immenses champs pétrochimiques quand le temps devient mauvais. Les idéaux se fêlent. S’ensuit une chute longue et violente. Les constats publics restent fidèles au leitmotiv mécanique du : « Tout va bien. Rien à ne redire. Bonheur et joie ». L’opulence matérielle est un puissant anesthésique, la consommation un enivrement, l’enivrement efface la mémoire et les plaisirs plongent dans l’oubli les irritants subversifs. On consomme autant que faire ce peut… des écrans de fumée. Le succès économique chinois est indubitable et visible partout. Le niveau de vie augmente très vite et le point de décrochage de l’économie, certainement dépassé depuis longtemps. La Chine s’atèle à s’industrialiser à la vitesse de son Maglev, le moyen de transport public le plus rapide du monde dont elle détient la paternité. Tout s’exécute au quart de tour. On imagine mal un géant de cette carrure avancer aussi vite…, pourtant la Chine a enclenché son développement pied au plancher; avec un indice de croissance dopé, une production débridée et un PIB inquiétant. Le développement est extraordinaire, anarchique, survolté, acharné. Les ponts sont jetés par-dessus des routes, des fleuves. Des aéroports, des villes entières surgissent, des pics de verre étincelants sont lancés vers le ciel. Les projets sont audacieux. Chicago et New York possèdent l’histoire architecturale des gratte-ciels, Hong Kong et Shanghai en détiennent les rennes du présent… Pour une économie actuellement en plein essor, pour la puissance. It’s a global warning.

Le ver dans la pomme…

Les acquis des sociétés occidentales sont fortement nuancés à travers le prisme asiatique et s’arc-boutent face au talion. Il faut faire attention ici. Il faut faire attention et il faut être prudent. On peut vite froisser et mordre sur la ligne. Exiguïté… Les marges de manœuvre sont sans cesse sujettes à révision. Il n’y a pas de directives plus incompréhensibles et irrationnelles que celle émanant. Rien, en ce sens, n’est vraiment fiable ni prévisible; rumeurs, ouie dires, commentaire impersonnel, sources non identifiées. Puis, une hostilité ouatée plane, tout s’opacifie, le vent commence à tourner et c’est l’onde de choc. Un ciel clair laisse place à un typhon. La presse alors que les grands journaux du monde sont en libre accès sur le web. On bloque un site quelconque, le lendemain on le débloque, le surlendemain, on le rebloque pour le rouvrir encore et encore : oui, non, oui, non, oui, non, oui, non, oui, oui, non, oui, non, oui, non, oui, non, oui, non, oui, non. Mais qui regarde vraiment ces sites-là? Des événements insolites se passent ; des événements qui ne sont relatés que par des médias étrangers inaccessibles et incompréhensibles. La Chine commence à peine à sortir de cette torpeur dans laquelle elle fut plongée des décennies durant. Elle est à l’aube de son réveil, encore engourdie, affaiblie par cette réclusion. Beaucoup de retard a été accumulé, un retard qui probablement sera comblé par la génération suivante. Actuellement, la majorité de la population demeure majoritairement unilingue et ne s’exprime qu’en mandarin. L’Occident situé à des années lumière de ce monde est à son antipode. Les langues chinoises et la dimension culturelle d’où elles tiennent leurs origines sont des barrières naturelles presque infranchissables. Elles rendent ses frontières hermétiques et ralentissent toute infiltration clandestine. Cet « atout » permet de brouiller les pistes et d’obscurcir l’horizon, toute question posée n’aboutissant, au mieux, que sur une réponse parcellaire. Nous connaissons pourtant les principaux aspects de la réalité locale. La Chine évolue donc indécise entre le ciel et l’enfer et brille de contradictions indissociables, d’un coté somptueuses de l’autre terrifiantes :

« (…) La splendeur orientale

Tout y parlerait

A l’âme en secret

Sa douce langue natale

Là, tout n’est qu’ordre et beauté

Luxe, calme et volupté (…) »

(C.B. L’invitation au voyage)

Je n’étaye pas plus.

Le rêve olympique, la rançon d’une gloire…

Toute gloire a rançon. La pollution est celle de la Chine, l’un des écueils majeurs à son avènement. La pollution est l’épicentre de ce mal qui lentement la ronge, lentement lui passe une vrille à travers les chevilles, lentement la détruit. En dehors d’une charge sporadique de solvants particulièrement puants, cette pollution à Beijing reste relativement inodore, incolore mais perpétuelle, étrange, suffocante et maintient tous les indices d’alerte dans le rouge.

Les Jeux Olympiques représentent le plus grand rendez-vous inscrit à l’agenda du pays depuis plusieurs décennies. L’attention médiatique mondiale que fait peser le rendez-vous olympique commence à être perceptible. Et se succèdent les visites de plus en plus fréquentes des Comités Olympiques internationaux, de délégations ministérielles, diplomatiques auprès de leurs homologues chinois accompagnées un halo de journalistes.

L’aval du Comité International Olympique à l’organisation des Jeux d’été est toujours conditionnel à certaines clauses. En l’occurrence en juillet 2001, le CIO soulevait un point sensible, la mutilation l’environnementale chinoise. L’enjeu politique était de taille. Un environnement propre et vert pour les athlètes était une des clauses sine qua none à l’octroi olympique. En acceptant ce pacte, il ne restait au Politburo qu’à trouver un moyen de contrôler la pollution sans envisager un ralentissement de la production industrielle ; immense difficulté pour cette machine débridée. De nombreux projets de recherche furent lancés, étudiés, essayés, conduits, évalués. Le dernier date de l’été dernier. L’application d’un super cleaning program a été mis à l’essai : le nettoyage aérien pour un ciel d’azur d’un bleu Photoshop®…  Des tests ont été effectués au cours de l’été dernier. Des canons, pointés au-dessus de la ville, ont déchargé dans l’atmosphère des particules d’iodures d’argent et de nitrogène liquide déclenchant de gigantesques averses. Des pluies battantes ont pendant quelques heures inondé le centre-ville. Les résultats de ces essais sont en fait mitigés parce qu’éphémères : le ciel, bien que dégagé de ses poches de sulfure, ne reprend son bleu électrique que le temps d’une journée ou deux avant de laisser la ville retrouver son état d’asphyxie habituel, engloutie sous une chape de gaz. Mais la parole chinoise est inviolable. Alors d’autres moyens plus radicaux vont être mis en œuvre afin de respecter cet accord avec le monde, avec le CIO et avec les athlètes : appuyer sur le bouton « OFF ». Autrement dit, un coup d’arrêt brutal à toute la production industrielle de la région est prévu. Steel City, le plus grand complexe sidérurgique de Chine, l’étrangleur vissé à ses portes qui déverse quantité de poison dans les couches de l’atmosphère, va être avec son personnel de 87 000 travailleurs déplacé sur 200 km boulon par boulon vers l’île de Caofeidian proche de Tianjin à ce jour encore sauvage mais bientôt martyre de la baie Bohaï. Lorsque ce travail titanesque de la plus grande délocalisation de l’histoire industrielle du pays arrivera à terme en 2010, son personnel sera augmenté à 200 000 personnes Les charmes toxiques de cette industrie reprendront sûrement le dessus. Néanmoins, la réalité locale et actuelle reste préoccupante. Le préjudice humain est alarmant, le dernier rapport de la banque mondiale, rédigé à la demande de Beijing, l’est tout autant. Or, le blâme ne peut leur être en totalité imputable. Il s’agit d’un système mis en place, d’une entente actuelle avec l’Occident où chaque partie, chaque personne y trouve son compte et arrange ses bidons à convenance. Chacun est content, chacun fait du business et du cash. La Chine, l’atelier de sous-traitance mondial pour l’ensemble des produits de grande consommation, ironiquement se trouve être, par la qualité de ses programmes de formation universitaire scientifique, le premier laboratoire pharmaceutique de la planète et par conséquent le premier pays à apporter son aide au combat contre les grands fléaux et les épidémies dans le monde.

Pour ne parler que développement, de succès, d’immensité, de rêves, d’Eldorado sans mirage, sans illusion, sans fard et sans fausse promesse…, L’Eldorado pour de vrai… la Chine est la terre de ce rêve, de tout cela… des réussites fabuleuses attendent les plus hardis ici ; les plus hardis, les courageux, les plus imaginatifs. On peut y faire de l’argent comme de l’eau. A fortiori, nombreux sont les blâmes injustifiés régulièrement attribués à la Chine, nombreux…

Macao et Hong Kong…

Des villes du sud fabuleuses sur l’océan… chacune sur des îles minuscules en marge de ce continent qu’elles narguent. Hong Kong,the UK brand… une saveur Made by England qu’ont légué les Britanniques; un autre de ces stigmates coloniaux. Par principe économique, par bon sens pur seulement, Hong Kong officiellement et seulement officiellement jouit par la loi fondamentale sur sa région administrative, d’un statut d’autonomie censé garantir ses libertés. « Un état, deux systèmes », « deux poids, deux mesures » justifie l’entorse du capitalisme Hong Kong au communisme Beijing. Et Macao… Rétrocédée par le Portugal il y a sept ans, a elle aussi retrouvé son maître le Politburo. Luxueuses, exigeantes ces deux villes ont développé une sensibilité par des habitudes occidentales adoptées dans la gouvernance de leurs institutions. Elles sont immensément riches. Beijing les administre à l’aide d’une laisse télescopique. Malgré ce statut spécial leur ayant été accordé pour les cinquante prochaines années, les dirigeants chinois sapent leurs acquis, avec douceur, à pas feutrés et sereinement les étranglent. Les capitaux énormes qu’elles renferment sont globalement de deux natures : on trouve à Hong Kong une ville entièrement consacrée aux services financiers et au commerce maritime en Asie. De l’autre coté du delta des Perles, beaucoup plus petite et d’une humilité particulièrement fausse… Macao et les milliards de dollars des casinos… Pour moitié provenant de gens du continent pour moitié des investisseurs de Las Vegas, ces gens se partageant ce cadeau du ciel sous l’impulsion d’un gouvernement macanais averti : l’autorisation d’établir et de renforcer la présence des établissements de jeu sur la péninsule. Le résultat est du même ordre que l’effervescence  économique sur le continent : spectaculaire et déchaîné. L’émergence d’une clientèle internationale de 25 millions de visiteurs pour 2006 place Macao parmi les premières destinations en Asie. Son économie avec 13% de croissance prend, toute proportion gardée, une expansion plus soutenue que sur le continent. Cette île de la taille d’une tête d’épingle, invisible à l’œil nu sur une carte, a vu le bénéfice net de ses revenus tirés de l’industrie des casinos dépassé au cours de l’été 2007 ceux de Las Vegas. Elle a englouti quelques 6 milliards US de la poche de ses visiteurs en 2006, lui octroyant le titre envié de numéro un mondial de cette industrie infernale. Macao a commencé à établir cette réputation de centre asiatique de loisirs à travers le monde et dès lors, s’est mis à capter des pans entiers de cette clientèle du jeu qui d’ordinaire se dirigeait vers Las Vegas. Les nombreux casinos de Macao sont parmi les plus grands du monde. Macao magnifique d’indifférence électrique n’est qu’à la première phase de son ascension empoisonnée. À Coloane, la deuxième île, se crée un autre foyer de contagion sur la Cotaï Strip. Le Mandarin Oriental, le Sands et les tables de baccara s’apprêtent à surgir du néant. Beaucoup d’autres sont en voie de construction.

La Grande Muraille de Chine en exemplifie précisément la teneur et l’esprit. Imaginée et construite pour empêcher l’ennemi mongol de la Chine et des plaines de Sibérie de se précipiter vers le Sud en menaçant le pouvoir central des empereurs, elle était ceinture hermétique entre le nord et le sud, une ceinture longue de 6700 km jetée sur les crêtes de chaînes de montagnes sertie de tours de surveillance pour une visibilité maximale et une prise impossible, elle fut un travail titanesque et impressionnant. Un travail qui n’eut jamais pu être mené à bout, mené à terme sans le sacrifice d’une population nombreuse… la vie humaine, comme tant d’autres pays dont la population atteint des proportions vertigineuses, ne représente en terme de valeur que bien peu

Un phénomène organisateur humain aux rouages remarquables. Je me suis souvenu de Ralph Elison et d’Invisible Man…. perfectly nowhere to be seen… Cependant, des priorités sont établies, des directives sont décidées et diffusées à la conscience collective… Elles sont permanentes…

On ne se déplace pas n’importe où sans décliner à tout bout de champ son identité, sans être perpétuellement scanner par des systèmes électroniques, décoder par cartes magnétiques, souvent filmés, écoutés, surveillés, rayons X, check points, fouilles.

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This entry was posted on June 9, 2024 by in Chine, Hong Kong and tagged .